Mini-Mission #01 - A la recherche d'un artefact

A la recherche d'un artefact

Je croisais les bras, ne pouvant cacher mon mécontentement. Comment l'aurais-je pu face à ce manque de consistance évident ? Ces informations trop peu fournies ? Mais à y bien penser, je ne devrais pas être aussi surprise car c'était bien là, la marque de fabrique des Fondateurs. Toujours si...énigmatiques.

Néanmoins, j'allais évidemment accéder à leur requête bien que beaucoup d'autres choses se disputaient la primeur de mes pensées, ces derniers temps. A peine avions-nous enduré la faille gigantesque qui béait toujours sur la grande place que, il y a de cela quelques jours, trois enlèvements émanant des Enfers vinrent ajouter à ma contrariété. Je me sentais responsable de tout ceci et plus encore, coupable de n'avoir su réagir. Tout c'était passé si vite...orchestré avec maestria. Et ces pauvres innocents... Je levais les yeux vers le plafond de mon salon où les dernières lueurs de l'au-delà brillaient encore pour marquer l'éclipse magique de mes visiteurs impromptus. Bien-sûr que c'était l'heure de recevoir des invités, pensez-vous ! Un thé et des petits sablés aussi, peut-être ? Oh vous vous laisserez bien tenter...après tout il n'est qu'une heure du matin...
Dès qu'ils eurent tout à fait disparu je décroisais les bras et gommais cet air renfrogné sur-le-champ. A dire vrai, j'étais toute chose de me voir attribuer une telle confiance de la part des Fondateurs. Ils m'avaient désigné moi pour mener cette tâche à son terme, estimant mes compétences de sorcière adaptées et utiles, bien que je ne les eus jamais considéré comme tel. C'était un véritable privilège et ce, même si je les avais accueilli en robe de chambre. On fait ce qu'on peut....

Il n'y eut qu'un court moment entre l'acceptation de la nouvelle et le claquement de ma porte d'entrée. En effet, lorsque la situation l'exigeait, je savais me montrer efficace. J'avais enfilé un ensemble sobre mais bien coupé car je commençais à me faire à l'idée que les sorties nocturnes étaient pour moi synonyme de malheur, d'infortune et j'en passe. En vérité, les fois où j'avais été prise d'escapades nocturnes, j'avais successivement affronté une horde de vampires affamés, le Démon supérieur du châtiment et dernièrement un face à face avec l'entrée des Enfers. Alors si aujourd'hui, je devais mourir dans d'atroces souffrances, et bien ce serait avec classe.

Apparemment, j'étais chargée de mettre la main sur une espèce de relique, un objet inestimable d'une grande valeur duquel je ne connaissais pas même l'utilité ni la consistance. A l'image d'une aiguille dans une meule de foin, il me fallait chercher une brindille dans la forêt car c'était bien là que je me rendais. Mais je ne comptais pas m'y attarder bien longtemps car je savais l'endroit grouillant de..hum de créatures. Sans doute féroces, maléfiques. Ah oui et féroces aussi, très féroces...et maléfiques.
Mais j'avais la solution toute trouvée : il me suffisait d'appeler la Doyenne des nymphes et mon amie la plus chère, Amethyste car c'était-là son territoire et elle saurait sans doute me renseigner. Une affaire rondement menée et conclue d'avance.

Alors que je m'apprêtais à faire appel à elle, un craquement me fit immédiatement bifurquer vers son origine et à la lueur nocturne je reconnu...
⋄ Mademoiselle Karlsen ! m'écriais-je, sans cacher mon soulagement, une main sur le cœur. Je l'observais, incrédule : Que diable faites-vous là, à cette heure si tardive ? demandais-je en m'approchant. Je fronçais les sourcils et mis une mèche parfumée derrière mon oreille pour ensuite me pencher à sa hauteur. Ceci afin qu'elle puisse ressentir ma présence à ses côtés car je le savais, elle ne pouvais me voir. D'aucuns diront que ce n'est pas prudent concluais-je un peu sévèrement.

A la recherche d'un artefact

Elle se redressa pour me faire face. Le soulagement que j'avais éprouvé de ne pas faire de mauvaise rencontre s'était dissipé et laissait maintenant place à l'inquiétude. C'était à croire que, maintenant que la Magie avait été révélée aux yeux de tous, il fallait encore davantage redoubler de prudence. Non pas pour veiller à conserver le secret, mais pour maintenir les protégés en place ! Que pensaient-ils ? Que tout était désormais sans conséquences et qu'il suffisait de réciter quelques rimes pour les défaire de tout danger ? C'était là, tout une éducation en friches qu'il leur faudra dispenser...
Néanmoins, je gardais la bouche close et écoutais les explications de Clémence. Grâce à mes pouvoirs d'empathe, j'étais disposée à la sonder. Ce que je fis et ne sentis aucun accroc en elle, et c'était le signe qu'il n'y avait aucune trace de mensonge dans son discours. Je me radoucis alors.

Elle me tendit un talisman qu'elle venait de tirer de sa poche et m'en vanta ses mérites. Je le pris dans les mains, septique, et l'examinais quelques secondes. J'étais au moins heureuse de constater qu'elle ne levait pas de barrière contre la magie : peut-être allait-ce être mon rôle de faire en sorte qu'elle ne l’appréhende pas de façon maléfique. Je la lui rendis, en commentant d'un ton neutre :

⋄ On dit qu'il faut être vigilant avec la Magie, aussi je ne peux que vous recommander de l'être. Néanmoins, je suis heureuse que ceci puisse vous aider. J'avais choisi de ne pas lui avouer ma qualité de sorcière. Du moins, pas tout de suite. D'une part parce que cela restait encore particulièrement étrange pour moi de m'épancher sur le sujet devant une innocente après des décennies de dissimulation. Et d'autre part, elle semblait partager avec moi une certaine sympathie et je craignais de la voir se perdre et de l'effrayer si je lui avouais ce fait personnel. D'ailleurs : pouvait-elle me voir désormais ? Si oui, que voyait-elle en moi ? Sa dernière interrogation coupa les miennes et je pinçais les lèvres en levant le menton face à cet aplomb.
⋄ J'ai là une affaire professionnelle à régler. Mais celle-ci peut attendre, parlons plutôt de vous. Dites-m'en plus sur cette bague, que je puisse me joindre à vos recherches de façon plus efficace. demandais-je en baissant les yeux au sol pour déjà tenter d'y déceler le petit objet précieux. Car plus vite nous l'aurons trouvé et plus vite Clémence rentrera chez elle. Car voyez-vous, un bon innocent est un innocent couché.

Je n'avais pas mentionné les Fondateurs, ni cet artefact. Il allait de soit que cette mission devait être tenue pour secrète et à mon sens, la jeune femme en savait déjà bien assez sur les révélations récentes.

A la recherche d'un artefact

Clémence avait hoché la tête suite à ma remarque sur la Magie. Au moins, j'avais l'assurance que le message était bien passé. Car pour les innocents, c'était-là une chose nouvelle et sans doute attrayante : une aubaine en quelque sorte. Une chance de pouvoir sortir de ce cadre de vie parfois trop rigide et l'assurance de pouvoir avoir recours à la Magie pour se simplifier la tâche. Or, cette dernière ne devait pas s'utiliser à des fins personnelles et ne devait engendrer ni cupidité, ni aspiration auquel cas, nous nous exposerions à de graves conséquences. Et nous verrions nos failles déjà conséquentes ces derniers temps s'agrandir au profit de l'autre camp qui en exploiterait les moindres parcelles. Et cela, je ne pouvais le permettre, d'où ma mise en garde.

Comme je le lui avais demandé, elle me parla de la bague pour laquelle elle prenait autant de risques. En vérité, c'était bien plus que ça : elle représentait une personne, une partie de sa vie en somme. Certains objets avaient ce pouvoir qui pour le coup, n'avait rien de magique. J'observais moi-même l'alliance que je portais toujours au doigt bien que ce n'était désormais plus qu'une symbolique. Alors, je posais une main compatissante sur l'épaule de la jeune femme pour tenter de lui apporter un peu de réconfort : ⋄ Je comprends. Je suis désolée pour votre père, mademoiselle Karlsen. fis-je en toute honnêteté et radoucie par ses motivations. Puisque ce n'est assurément pas un bijou ordinaire, voilà une raison supplémentaire pour que je vous aide à la retrouver. assurais-je alors qu'elle se baissait de nouveau à sa recherche.

J'étais contrariée de devoir mettre la mission que m'avaient confié les Fondateurs de côté car après tout, je me devais de les contenter au mieux et je ne voulais pas laisser penser que je prenais cela à la légère. Car c'était loin d'être le cas.
Mais que diraient-ils s'il arrivait quelque chose à cette innocente ce soir ? En tant que Maire et en tant que sorcière, j'avais pour rôle de la protéger. C'était aussi mon devoir, et j'en prenais la responsabilité. Ainsi, j'étais investie d'une double mission ce soir. Je fermais les yeux un bref instant, en espérant me montrer à la hauteur...
Je rouvris brusquement les yeux en tressaillant légèrement à l'appel de mon..prénom. Étions-nous vraiment si proches pour qu'elle puisse se le permettre ? C'est que nous n'avions que quelques années d'écart et sans doute beaucoup en commun. Peut-être était-ce là une sorte de marque d'affection de sa part ? J'avais haussé un sourcil inquisiteur en l'entendant et finalement, je décidais de ne pas lui en tenir rigueur. Après tout, il n'y avait pas d'insulte ici et puis peut-être que là maintenant, à la lisière de la forêt, quelques instants sans trop de formalité seraient appréciables.

⋄ Il n'y a pas de mal. J'imagine que vous avez été surprise de me trouver là... supposais-je. Une nouvelle fois, j'esquivais le sujet et laissais ma phrase telle qu'elle en suspens, sans donner plus de détails sur la raison de ma présence. A la place, je me décalais pour examiner le sol à la recherche du moindre éclat d'argent.
⋄ Etes-vous sûre de l'avoir perdu là ?

A la recherche d'un artefact

Elle soupira, visiblement soulagée avant de confirmer mes dires. C'était bien ce que je pensais, je l'avais juste surprise et c'était sa curiosité qui avait parlé et il ne fallait pas voir ceci comme étant à caractère intrusif.
⋄ Heureusement, vous ne l'êtes pas resté. Même de jour, il vaut mieux ne pas s'y aventurer seul. confirmais-je. La forêt de Lakewood était dense et étendue et il n'était pas rare que des patrouilles de sécurité municipales y soient envoyées. Même mes citoyens les plus téméraires s'y perdaient fréquemment et ce, malgré le balisage que nous avons essayé de mettre en place. D'ailleurs ce soir, si je n'avais pas en tête la certitude de recevoir l'aide de mon amie la doyenne des nymphe, je ne m'y serais sans doute pas hasardée ainsi moi-même. Ou alors, pas sans avoir recours à la magie et au sort de localisation.

Nous progressâmes parmi les arbres centenaires.
Clémence m'affirma qu'elle était passée aujourd'hui-même en empruntant la route qui surplombait un peu le sentier où nous nous tenons. Sans doute avait-elle eu besoin de tranquillité car il existait effectivement un chemin beaucoup plus pratique pour se rendre à l'hôtel. Mais je ne fis pas de commentaire à ce sujet, puisque de toute façon nous étions là et c'était ainsi. Dans ce cas, il nous faudra nous diriger vers le pont de la cascade, près de l'ancien moulin, ainsi nous pourront retrouver la grande route plus facilement. Il est plus efficace de refaire le trajet inverse de celui que vous avez emprunté hier. décidais-je en imposant mon point de vue. La bague avait pu effectivement rouler jusqu'en contrebas mais ce n'était pas une obligation et celle-ci avait très bien pu simplement se figer sur le bas-côté.
D'un coup, ma partenaire cru apercevoir quelque chose, grâce à son amulette. Elle s'écarta pour s'accroupir à quelques pas de là. Je la suivis, et déclarais en haussant un sourcil :
⋄ Un simple bouton égaré Quelqu'un a dû le perdre et sa veste doit maintenant être esquintée. C'était un bouton de cuivre, surmonté d'un petit péridot. Une pièce d'une bonne manufacture, il fallait en convenir. Je fis demi-tour pour retrouver le chemin de terre et fis quelques pas pour continuer. Ici, la route commençait à monter en pente douce en direction du pont qui s'après mes calculs, devait se trouver à un petit kilomètre de là.
Après quelques minutes, je posais la question qui me turlupinait :
⋄ Cette amulette, mademoiselle Karlsen : où vous l'êtes-vous procurée ? demandais-je l'air de rien. S'il y avait des marchands de pacotille à Lakewood ou des sorciers déguisés, je me devais de décliner leurs identités. En attendant la réponse, je vis à mon tour un petit quelque chose au sol et m'arrêtais une fraction de seconde en fronçant les sourcils. Je ne voulais pas donner de faux espoirs à ma voisine aussi, je me baissais sans rien dire.

1. Victoire, il s'agit de la bague !
2. Pas de chance, Hope enlève juste une poussière de ses chaussures impeccables.